« Les travailleurs de l'ombre » : David Larose, analyste vidéo de l'équipe de France

1. Pouvez-vous vous présenter ?

Bonjour, je m'appelle David Larose. J'ai rejoint la Fédération Française de Judo en octobre 2022 en tant qu'analyste vidéo en compétition.

Avant cela, j'ai travaillé en tant que freelance pendant deux ans, accomplissant des missions similaires. La Fédération a décidé de renforcer son équipe et de préparer l'avenir en m'embauchant, car mon binôme de l'époque, Thierry Loison, approchait de la retraite.

Le 1er avril 2024, Thierry a pris sa retraite, et j'ai donc repris l'intégralité des tâches liées à l'analyse de la performance en plus de celles effectuées en compétition.

2. En quoi consiste votre métier au quotidien ?

Mon travail consiste principalement à collecter un maximum de données à travers l'enregistrement vidéo lors des compétitions et des entraînements. Je coordonne une équipe de préparateurs d'analyse qui se chargent de récupérer et de taguer les vidéos des compétitions avec une grande rigueur. Une fois les vidéos collectées et taguées, je les mets en forme pour les rendre visuellement accessibles aux entraîneurs grâce à divers outils de visualisation, tels que des montages vidéo ou des graphiques. L'objectif est de répondre précisément aux besoins du staff et des athlètes.

3. Comment l’analyse vidéo sert-elle à améliorer la performance des athlètes ?

L'analyse vidéo est un outil précieux pour la prise de décisions ainsi que pour le perfectionnement tactique, technique et physique des athlètes. Bien que ce soit un facteur marginal, il ne faut pas le négliger, car il y a plus de 300 athlètes par catégorie. Il est donc impossible de tous les connaître parfaitement. Mon rôle est de fournir des informations rapides, précises et factuelles aux entraîneurs, ce qui est essentiel pour prendre des décisions stratégiques éclairées.

4. Quelles sont les technologies et outils que vous utilisez pour mener à bien votre travail ?

Nous utilisons des caméras et un logiciel d'analyse vidéo. De plus, nous avons co-développé des outils pour faciliter l'accès à toutes nos données vidéo sur la plateforme de stockage. Dernièrement, en collaboration avec l’INSEP (l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance) et l’IRMES (Institut de recherche biomédicale et épidémiologique du sport), nous avons mis au point un outil de visualisation des données. Cet outil permet de visualiser rapidement les points forts et faibles d'un judoka grâce à des statistiques et des données factuelles, mettant en avant ses directions d’attaque.

5. Votre passé de sportif de haut niveau vous aide-t-il dans l’accomplissement de vos missions ?

Absolument. Mon expérience me permet de repérer les moments clés des combats et de détecter ce qui peut être amélioré pour nos athlètes français. Cette expertise est un atout indéniable pour accomplir mes missions avec efficacité.

6. L’analyse vidéo est-elle une pratique très répandue dans le monde du judo ?

L'analyse vidéo existe depuis longtemps dans le judo français, mais elle n'est pas encore suffisamment exploitée. À l'échelle mondiale, de nombreux pays l'utilisent largement, tels que le Canada, le Kazakhstan, le Kosovo, et surtout le Japon, qui dispose d'une équipe de six personnes à plein temps dédiée à cette tâche. Avec l'explosion de l'IA dans tous les secteurs, les possibilités dans le domaine de l'analyse vidéo évoluent considérablement. L'intelligence artificielle permet d'automatiser une partie de l'analyse, d'identifier des schémas et des tendances de manière plus précise et rapide, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives pour optimiser la performance des athlètes. L'analyse vidéo couplée à l'IA devient ainsi un outil essentiel pour rester compétitif sur la scène internationale.