« Les travailleurs de l'ombre » : Laurie-Anne Marquet, nutritionniste de l'équipe de France
Durant les Jeux Olympiques, France Judo vous propose d'en apprendre plus sur les travailleurs de l'ombre : ces acteurs qui contribuent en coulisses au succès des judokas français. Pour ce quatrième épisode, entretien avec Laurie-Anne Marquet, nutritionniste de l'équipe de France de judo.
1. Pouvez-vous vous présenter ?
J'ai un doctorat en nutrition du sport obtenu à l'INSEP en 2016. Après être passée par un poste d'ingénieur de recherche à l'Université, je suis maintenant à mon compte en tant que consultante en nutrition du sport. C'est lors de ma thèse que j'ai commencé à travailler avec l'équipe de France de Judo. Mon premier déplacement était le Master en 2015. Ça fait donc maintenant 9 ans de collaboration. Actuellement, je suis en charge du suivi nutritionnel des athlètes présents sur l'INSEP avec une priorité donnée au groupe élite. Je les accompagne sur les compétitions majeures (Championnats d'Europe, Monde, Master, Tournoi de Paris et JO).
2. En quoi consiste votre métier au quotidien ?
Le rôle d'un nutritionniste du sport est d'assurer des apports nutritionnels en lien avec la charge d'entraînement (diminuer la fatigue et maximiser la récupération), en lien avec les objectifs (différents à chaque moment de la saison) : perte de poids, prise de masse musculaire et s'assurer que les athlètes sont en bonne santé.
Nous travaillons aussi bien sur l'équilibre alimentaire général des athlètes (alimentation saine, riches en fruits et légumes, de qualité) qui leur garantit une bonne santé que sur l'alimentation "performance" (avoir les bons apports en fonction du type de séance pour assurer une qualité d'entraînement et de récupération).
Les athlètes reçoivent un programme individualisé selon leur besoins (on construit plusieurs programmes tout au long de l'année) pendant les phases d'entraînement et les phases de régime.
On travaille aussi avec l'athlète sur les stratégies nutritionnelles d'après-pesée et de compétition. Chacun a ses habitudes selon ses préférences et ses problématiques.
D'autres thématiques sont également abordées : la prise de masse musculaire, le travail sur le comportement alimentaire, l'optimisation de l'alimentation, la nutrition lors des phases de blessure.
La nutrition c'est le carburant de l'organisme. Les nutriments vont au plus profond de l'organisme pour aller nourrir les cellules. On mange plus de fois qu'on s'entraîne, c'est donc un levier d'optimisation important de la performance sportive. Notamment, nous allons nous focaliser sur l'hydratation, l'apport énergétique global, l'apport en glucides (principale source d'énergie lors des efforts explosifs) et l'apport en protéines (pour la récupération). Aucun micronutriment (vitamines, minéraux) n'est à négliger également car ils interviennent dans toutes les réactions de l'organisme et vont jouer un rôle dans l'immunité, la prévention des blessures, le métabolisme énergétique…
3. Quels conseils préconiseriez-vous aux judokas pour optimiser leur gestion du poids ?
Manger le plus possible d'aliments bruts, non transformés, manger équilibré en lien avec la charge d'entraînement. Aucun aliment n'est interdit, c'est plutôt leur proportion dans leur consommation qui est souvent à revoir. Faites-vous plaisir raisonnablement. Consommez des glucides à chaque repas, ne sautez pas le petit-déjeuner, hydratez-vous bien et fournissez en énergie vos séances d'entraînement, limiter les grignotages, écoutez vos sensations de faim et de satiété.
4. Quels sont les principaux défis auxquels vous êtes confrontée en tant que nutritionniste sportive ?
Le régime dans les sports à catégorie de poids est un point très spécifique. La culture du sport et les habitudes sont là et sont présentes dès le plus jeune âge. Il ne faut pas essayer de tout révolutionner mais accompagner au mieux les athlètes et limiter les dérives. Le fait d'avoir des régimes à faire tout au long de l'année complexifie toute la relation à l'alimentation au quotidien.
Il faut faire changer les mentalités et les habitudes dès le plus jeune âge. Il n'est pas possible de faire des régimes de plusieurs kilos à 15 ans. c'est aussi un point que nous allons essayer de faire changer dans les années à venir.
5. Comment adaptez-vous l'alimentation des athlètes en fonction des différentes phases d'entraînement et de compétition ?
Lorsque les athlètes sont en phase d'entraînement, on s'assure que l'apport énergétique est suffisant pour garantir un fonctionnement optimal de l'organisme. On met l'accent sur les glucides et les protéines. Les glucides (féculents, fruits…) vont permettre de retarder l'apparition de la fatigue et apporter de l'énergie pour les séances. Les protéines (viande, poisson, œuf, produits laitiers, protéines végétales) vont permettre d'assurer la récupération musculaire, entre autres. On assure une quantité, une qualité d'alimentation mais également un timing en encadrant les séances d'entraînement les plus intenses (collation, alimentation pendant l'entraînement, récupération).
Lors des phases de régimes, on cherche à créer un déficit calorique (l'athlète mange moins qu'il se dépense) pour perdre du poids. Ainsi, on va réduire principalement les apports lipidiques (en gras), le sucre ajouté (grignotages, sucreries) dans un premier temps puis petit à petit on va réduire également l'apport glucidique et le volume d'aliments ingérés. Le régime est progressif et doit être commencé plusieurs semaines avant la compétition.
6. Quelle est la demande nutritionnelle la plus insolite que vous ayez eu à gérer ?
Chacun a ses petites habitudes. Mais il y en a qui avaient l'habitude de la bière de récupération après la pesée. D'autres, il leur faut leur beurre de cacahuète au petit-déjeuner. D'autres c'était le nombre de kilos à perdre pour un régime et il a fallu faire comprendre que ce n'était pas optimal même si ça fonctionnait jusque-là.
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